« Il peint si bien la vieille tante à verrues… » (résidence d’écriture)
De janvier à avril 2016, l’Association Arsène était en résidence d’écriture du spectacle :
« Il peint si bien la vieille tante à verrues, que chacun l’a vite reconnue » (titre provisoire)
“Ar molt d’àlte Wàrtzlatanta so güet, dàss àlli sie schnall erkànnt hàn” (provisoricher Titel)
Régulièrement un groupe de chercheurs internationaux se réunit pour parler de la question alsacienne à partir de leurs domaines de compétence : le cinéma, l’histoire de l’art, l’oenologie…. Reprenant la bonne tradition du « Kunschthafe » (la marmite aux arts) ils travaillent en partageant un repas, assis autour d’une grande table qui peut servir tour à tour de tribune, de scène ou d’espace d’apparition ou bien de projection. Derrière eux, un tableau noir, à la fois écran, ardoise et mind map permet d’illustrer leurs propos en fabricant une sorte de « combine painting ». Dans la séance du jour, ils réfléchissent à la question de l’humour. A la recherche des mots justes, en alsacien, en français et en allemand, ils argumentent (avec plus ou moins de bonne foi), s’appuient sur des fragments de pièces qu’ils évoquent, exhibent des documents comme preuves. Par exemple, l’origine des Marx Brothers (leur père vient de Mertzwiller) permet de débusquer dans leurs films les traces d’une « alsacitude ». Les participants s’écoutent et tentent de définir mot après mot, verre après verre, bouchée après bouchée, leur art de faire rire. Une manière de cerner dans la bonne humeur ce qui les intéresse vraiment au théâtre (et sans doute dans la vie).
On emprunte à l’histoire culturelle alsacienne le Cercle Saint Léonard, comme un point de référence assez révélateur de la relation complexe que cette région entretient avec l’Allemagne et la France (certains parlent de schizophrénie alsacienne). L’histoire du XXème siècle s’est chargée d’en alimenter les symptômes… Dans le théâtre alsacien, la pratique du dialecte (peut-être faudrait-il plutôt dire des dialectes) et l’utilisation de formes proches du cabaret correspondent à une attente du public. Nous souhaitons, à partir des pièces classiques de ce répertoire, en les confrontant à d’autres productions artistiques, fabriquer un dispositif qui permette, dans une esthétique contemporaine, de poser la question de la tradition. Une manière de s’en emparer pour l’emmener ailleurs.
Peu connu même en Alsace, le Cercle Saint Léonard est proche du mouvement Jugendsthil des pays germaniques, ou de l’Ecole de Nancy en France. Comme eux, il tente de faire une synthèse entre des traditions locales et des influences extérieures pour travailler, aussi bien dans le domaine des arts décoratifs que dans celui du théâtre, à l’élaboration d’œuvres « totales ». C’est cette idée de collaboration (on dirait de nos jours de collectif) alliée à un ancrage historique et régional qui nous intéresse et nous semble toujours d’actualité. On croise une de nos préoccupations, mise en jeu dans l’Art Tangent, celle de tenter (avec humour) d’inventer une forme d’art transgenrique.
Un projet en plusieurs langues de Odile Darbelley & Michel Jacquelin
Texte établi avec la collaboration involontaire de Gustave Stoskopf, Arthur Rimbaud, Tomi Ungerer, Charles Spindler, Groucho, Harpo et Karl Marx. Pierre Kretz, Roger Siffer, Kurt Schwitters, Hans Arp, Pierre Dac, Lichtenberg, Raoul Haussmann
Traduction de et en alsacien : François Robert, Antoine Jacob, et les comédiens
Traduction de et en allemand : Hubertus Biermann
La résidence est financée par la région Alsace dans le cadre de Langues en Scène.
À propos du Cercle Saint Léonard…
Au sujet de Charles Spindler et Anselme Laugel: archives en ligne
À propos de l’Association Arsène et de l’Art Tangent